Le bétail en pâturage fait partie intégrante de l’écosystème des prairies et joue un rôle important dans le recyclage des nutriments. Les pâturages sont d’importants réservoirs de carbone et fournissent un habitat à de nombreuses espèces menacées, tout en préservant les zones humides qui, autrement, pourraient être cultivées. La production de bovins dans des parcs d’engraissement réduit l’empreinte carbone du bœuf et augmente l’efficacité de la production de bœuf. Comme pour tout système de production alimentaire, la production de bœuf a une empreinte environnementale.
Points importants |
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L’efficacité et l’empreinte environnementale de la production de bœuf au Canada se sont considérablement améliorées au cours des 30 dernières années. Des chercheurs de l’Université du Manitoba et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) Lethbridge ont constaté que la production de chaque unité de bœuf canadien en 2011 par rapport à 1981 a |
– utilisé 17 % d’eau en moins, 1 |
– nécessité 29 % d’animaux reproducteurs en moins, 27 % de bovins récoltés en moins et 24 % de terres en moins, |
– réduit les émissions de gaz à effet de serre de 15 % 2 et les émissions d’ammoniac de 20 % 3 |
Les prairies où paissent les bovins de boucherie représentent un important stockage de carbone et peuvent contenir jusqu’à 200 tonnes de carbone par hectare. Le stockage du carbone peut être accru si les terres cultivées sont replantées en pâturages pérennes |
Les ruminants qui paissent sont une composante naturelle des prairies et jouent un rôle essentiel dans le recyclage des nutriments. Ces prairies protègent également les espèces menacées et en voie de disparition au sein de ces écosystèmes |
L’eau utilisée dans la production de bœuf ne disparaît pas ; elle finit par repasser dans le système pour être réutilisée. La production bovine peut également contribuer à la conservation des zones humides, qui constituent un habitat important pour les oiseaux et les mammifères aquatiques |
Les émissions de gaz à effet de serre associées à la production de bovins de boucherie peuvent être atténuées en ajustant les régimes alimentaires afin d’améliorer l’efficacité de la production (efficacité de la reproduction, poids au sevrage et poids de la carcasse) |
Des régimes alimentaires équilibrés, le nettoyage et le drainage fréquents des enclos, ainsi qu’une bonne gestion du fumier peuvent contribuer à améliorer l’efficacité de l’utilisation des nutriments, la qualité de l’air et la santé des animaux dans les parcs d’engraissement. Les régions voisines des parcs d’engraissement intensifs doivent mettre en œuvre des systèmes de culture en rotation ou augmenter les distances de transport du fumier afin de ralentir le taux d’accumulation des éléments nutritifs dans les sols |
L’utilisation de technologies améliorant la productivité est une stratégie efficace pour produire plus de livres de bœuf dans un laps de temps plus court, utiliser moins d’aliments pour animaux et réduire l’impact sur l’environnement |
Les hormones synthétiques présentent un risque minime pour l’environnement, qui peut être encore atténué par une gestion adéquate des écoulements et du fumier |
La plupart des plantes que les bovins mangent et convertissent en viande riche en nutriments ne sont pas comestibles pour l’homme. En Amérique du Nord, les céréales qui ne parviennent pas à se qualifier pour la consommation humaine représentent une part importante de l’alimentation des bovins en parc d’engraissement et contribuent à l’efficacité de ce système de production |
Les éleveurs de bovins utilisent de nombreuses techniques de gestion des pâturages, participent à des formations telles que le programme Verified Beef Production Plus et suivent des recherches solides et pratiques pour améliorer l’utilisation des terres, la conservation et la gestion des ressources |
Ce que les producteurs de bœuf doivent savoir sur l’empreinte environnementale de l’industrie bovine
L’empreinte environnementale du bœuf entraîne des répercussions sur les émissions de gaz à effet de serre, le cycle des nutriments, la qualité de l’eau et de l’air, les réserves de carbone et la préservation des écosystèmes des prairies. La complexité de ces agro-écosystèmes a rendu difficile l’évaluation et la comparaison de la durabilité globale des systèmes de production sur la base de multiples indicateurs environnementaux. Certaines composantes de l’empreinte, telles que la production de gaz à effet de serre, sont inévitables car elles sont produites par les plantes et les animaux.
Les recherches montrent que l’industrie des bovins de boucherie a réalisé d’importantes améliorations en termes d’efficacité au fil du temps. Un projet de recherche de l’Université du Manitoba et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) Lethbridge, qui a été partiellement financé par les producteurs de bœuf par l’intermédiaire de la Grappe de recherche sur le boeuf, a révélé que le Canada a produit 32 % plus de bœuf en 2011 qu’en 1981. Cela est dû en grande partie à l’augmentation du poids des carcasses. La production de la même quantité de bœuf en 2011 a nécessité 29 % moins d’animaux reproducteurs, 27 % moins de bovins d’abattage et 24 % moins de terres, a produit 15 % moins de gaz à effet de serre1,2et a nécessité 17 % moins d’eau1,2qu’en 1981.
La réduction de l’empreinte environnementale de l’industrie du bœuf est en grande partie due à l’utilisation de meilleures pratiques de gestion et de technologies permettant d’améliorer l’efficacité de la production. L’optimisation de la nutrition a permis d’améliorer la croissance et les performances reproductives. Lorsqu’un plus grand nombre de femelles tombent enceintes et réussissent à sevrer un veau, moins de génisses doivent être conservées comme remplaçantes, de sorte que le troupeau reproducteur est plus petit et qu’il y a moins de vaches produisant des émissions de gaz à effet de serre. Du côté des parcs d’engraissement, le poids de la carcasse des génisses a augmenté grâce à l’utilisation de stimulateurs de croissance. L’amélioration des rendements des cultures fourragères signifie qu’une surface plus petite est nécessaire pour produire la même quantité d’aliments pour animaux.
La plupart des éléments qui améliorent la productivité des exploitations agricoles, des ranchs et des parcs d’engraissement contribuent également à réduire l’empreinte environnementale de l’industrie du bœuf.
Séquestration du carbone dans les prairies ensemencées et indigènes
Au cours du siècle dernier, la majorité des prairies ont été labourées à des fins de production agricole et moins de 20 % de cet écosystème sont restés intacts. Les prairies indigènes constituent un important réservoir de carbone et peuvent contenir jusqu’à 200 tonnes de carbone par hectare. Une grande partie de ce carbone est stockée dans les racines des herbes et des arbustes, ce qui explique pourquoi le labourage libère beaucoup plus de carbone que les incendies naturels.
Le stockage du carbone peut être reconstitué si les terres cultivées sont replantées en pâturages pérennes, la séquestration se produisant d’abord rapidement et atteignant progressivement un plateau sur une période de 20 à 25 ans. Une fois l’équilibre atteint, la séquestration du carbone s’équilibre avec les émissions de carbone.
En fait, certains modèles ont montré que si les bovins de boucherie passent d’un système de production basé sur les céréales à un système basé sur les fourrages pérennes, et que le fourrage associé à cette transition provient de terres cultivées nouvellement ensemencées, l’ensemble du cycle de production de bœuf devient un puits net de carbone. Toutefois, le surpâturage ou la sécheresse peuvent accroître les pertes de carbone.
La capacité de séquestrer davantage de carbone dans les prairies correctement gérées est incertaine, mais les niveaux pourraient encore augmenter à mesure que les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère continuent de s’élever. Toutefois, il est clair que toute augmentation du piégeage résultant de l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère ne sera pas suffisante pour compenser les émissions actuelles liées à l’utilisation de combustibles fossiles.
Préservation des écosystèmes de prairies
Les ruminants qui paissent sont une composante naturelle des prairies et jouent un rôle essentiel dans le recyclage des nutriments au sein de ces écosystèmes. Les prairies sont riches en biodiversité et abritent de nombreuses espèces parmi les plus menacées ou en voie de disparition au Canada (par exemple, la chevêche des terriers, le putois d’Amérique, le renard véloce, le poulet des prairies). Dans une étude menée par des chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) Lethbridge et de l’Université du Manitoba, financée en partie par les éleveurs de bœuf dans le cadre du projet Grappe de recherche sur le boeuf, les chercheurs ont constaté que la production de viande bovine peut avoir un impact positif sur la biodiversité. Bien que l’utilisation des terres associée au secteur des parcs d’engraissement ait eu un impact élevé sur les plantes, les acariens du sol, les mousses et les lichens, l’effet sur les oiseaux et les mammifères a été bien moindre. En fait, on a découvert que le secteur vache-veau a un effet favorable sur les populations d’oiseaux et que le secteur de la semi-finition en pâturage a un impact positif sur les populations de mousses. Les secteurs vache-veau et de semi-finition en pâturage sont ceux qui ont eu le moins d’impact, mais il est important de noter que les impacts du secteur des parcs d’engraissement reflètent principalement l’utilisation de cultures annuelles pour la production d’aliments pour animaux. Par conséquent, cet impact serait présent que ces cultures soient utilisées pour l’alimentation du bétail ou pour la consommation humaine.
Les communautés végétales dépendent du pâturage pour l’élimination des broussailles, la distribution des graines et la création de niches ouvertes susceptibles d’accroître la biodiversité des prairies. En outre, l’établissement de fourrages pérennes réduit la perturbation des habitats des oiseaux des prairies et, s’ils sont situés à proximité d’eaux de surface, fournit des sites de nidification aux canards et aux oies. Dans de nombreux cas, les propriétaires fonciers contrôlent l’accès à ces parcours, ce qui permet d’éviter les dégâts que l’on peut constater dans les zones où les véhicules de loisirs tout-terrain et d’autres activités ont dégradé l’habitat des prairies.
Une autre étude financée par le Prélèvement canadien sur les bovins de boucherie a montré que si les prairies sont converties en terres cultivées, non seulement l’habitat de la faune sauvage est perturbé, mais cela aurait des effets majeurs sur les corridors de la faune sauvage.
Bovins de boucherie et émissions de gaz à effet de serre
Presque tous les organismes vivants, y compris les plantes, produisent des gaz à effet de serre. Les bovins en produisent plus que les autres animaux d’élevage, car les bactéries du rumen produisent du méthane lors de la digestion des aliments. D’autres gaz à effet de serre proviennent du fumier (méthane et oxyde nitreux) et de l’utilisation de combustibles fossiles dans les exploitations agricoles (dioxyde de carbone).
En 2006, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié un rapport intitulé « Livestock’s Long Shadow » (L’ombre longue du bétail) qui déforme considérablement la quantité d’émissions produites par l’élevage de bovins de boucherie. Un rapport plus équilibré de la FAO intitulé « Tackling Climate Change Through Livestock » (Lutter contre le changement climatique par le bétail) a été publié en 2013. Ce rapport moins médiatisé a révélé que la production d’un kilogramme de bœuf en Amérique latine, en Inde ou en Chine génère deux fois plus de méthane qu’en Amérique du Nord, en Europe ou en Australie.
Un projet financé par la Grappe de recherche sur le boeuf en 2015 a examiné l’évolution de l’empreinte environnementale de l’industrie canadienne du bœuf entre 1981 et 2011. Les chercheurs ont montré que les changements dans le taux de reproduction, les rendements des cultures fourragères et alimentaires, les taux de croissance, les poids des carcasses, etc. ont un impact sur la quantité d’aliments et de terres nécessaires pour produire un kilogramme de bœuf et, par conséquent, sur la quantité de fumier et de gaz à effet de serre produite.
Cette recherche a montré que la production de la même quantité de bœuf en 2011 produisait 15 % de gaz à effet de serre en moins qu’en 1981. Plus de 78 % des émissions de méthane ont eu lieu dans le secteur vache-veau, car le troupeau reproducteur passe une grande partie de sa vie à consommer des aliments à base de fourrage qui produisent plus de méthane que les aliments à base de céréales. Toutefois, ces aliments très fibreux ne sont pas digestibles par l’homme.
La réduction de l’empreinte environnementale de l’industrie du bœuf est en grande partie due à des technologies qui améliorent l’efficacité de la production.
La production de bovins contribue à l’émission de trois gaz à effet de serre (GES):
- dioxyde de carbone
- le méthane
- oxyde nitreux
Dioxude de Carbone
Le dioxyde de carbone représente une petite partie des émissions (5 %) de la production de bœuf canadienne et provient principalement de la combustion de combustibles fossiles. Dans l’industrie du bœuf, l’utilisation de combustibles fossiles est principalement associée à la production de cultures (engrais et carburant) et au transport des aliments pour animaux, du bétail et du bœuf vers les marchés. Le bœuf étant produit en plein air, les émissions liées au chauffage des installations de production sont infimes. Les prairies sur lesquelles paissent les bovins contribuent à la séquestration du carbone, c’est-à-dire à la capture du dioxyde de carbone.
Methane
Le méthane est produit par des micro-organismes du rumen appelés méthanogènes dans des conditions anaérobies (sans oxygène) à la fois chez l’animal et dans le fumier.
La plus grande source de GES dans la production de bœuf provient du méthane produit dans le tractus gastro-intestinal, qui représente plus de 60 % des émissions totales, alors que le fumier de bœuf ne représente qu’environ 5 % des émissions. L’augmentation de la valeur du carbone favoriserait l’utilisation de ces technologies dans la production de bœuf.
Le méthane est un sous-produit naturel de la digestion des aliments dans le tractus intestinal. Il est difficile de trouver des solutions de réduction du méthane qui soient consistantes et rentables. Toutefois, certaines stratégies, comme l’ajout de certains aliments tels que les céréales, les graisses ou les additifs, y compris le 3NOP ou les algues, peuvent réduire les émissions de méthane.
Un effort de recherche mondial a permis d’identifier des technologies qui peuvent réduire les émissions de méthane du bétail. L’augmentation de la valeur du carbone favoriserait l’utilisation de ces technologies dans la production de bœuf.
Il convient également de noter que bien que le méthane soit plus puissant que le dioxyde de carbone, le Global Carbon Project estime que sur les 558 millions de tonnes de méthane produites chaque année dans le monde, 98 % sont décomposées et réabsorbées par les plantes et les sols, ce que l’on appelle l’effet de puits.
Oxyde Nitreux
L’oxyde nitreux a un potentiel de réchauffement global beaucoup plus élevé que le méthane ou le dioxyde de carbone. Les émissions d’oxyde nitreux proviennent du fumier et des terres cultivées et représentent environ 25 % des émissions totales de GES provenant de la production de bœuf canadienne.
Les émissions d’oxyde nitreux augmentent si le niveau de protéines dans l’alimentation dépasse les besoins nutritionnels de l’animal ou si la quantité d’azote appliquée au sol dépasse les besoins de la culture. Deux des méthodes les plus efficaces pour réduire les émissions d’oxyde nitreux des systèmes de production de bœuf consistent à équilibrer l’alimentation pour répondre aux besoins en protéines et à effectuer des analyses de sol pour s’assurer que l’épandage de fumier ne dépasse pas les besoins en azote des cultures.
Incidence des bovins de boucherie sur la qualité de l’air
Une préoccupation courante concernant l’empreinte environnementale de la production de bœuf est l’impact négatif des parcs d’engraissement intensifs sur la qualité de l’air en raison des poussières et des odeurs qu’ils génèrent. Les problèmes se posent souvent dans les régions ou les villes situées sous le vent des parcs d’engraissement.
La poussière peut provenir des surfaces des enclos, des allées et des routes, et est influencée par l’humidité, la température et la vitesse du vent. Des émissions secondaires sous forme d’ammoniac et de composés organiques odoriférants tels que les aminés, les sulfures, les phénols et les acides gras volatils peuvent également se produire. Selon le composé, ils peuvent être transportés à plusieurs kilomètres du parc d’engraissement.
Les régimes alimentaires équilibrés des parcs d’engraissement qui ne dépassent pas les besoins en protéines des animaux réduisent les émissions d’oxyde nitreux et d’ammoniacs
Les conséquences à long terme sur la santé de l’exposition aux particules provenant des parcs d’engraissement sont largement inconnues, mais les effets sur les personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques peuvent être graves.
Les dépôts d’ammoniac et de matières organiques peuvent avoir un impact négatif sur la qualité de l’eau. L’ammoniac peut également contribuer aux émissions indirectes d’oxyde nitreux.
Atténuation
Comme pour l’oxyde nitreux, les émissions d’ammoniac des parcs d’engraissement peuvent être réduites en équilibrant les régimes alimentaires de manière à ne pas dépasser les besoins en protéines de l’animal. Les inhibiteurs de l’uréase, qui empêchent l’hydrolyse de l’urée dans l’urine, peuvent également réduire la volatilisation de l’ammoniac, mais ils sont coûteux et ne font que retarder les émissions totales d’ammoniac au lieu de les réduire.
Une litière fraîche, un nettoyage fréquent des enclos, des bandes d’abris et des brise-vent peuvent tous réduire le mouvement de la poussière et des odeurs associées à un parc d’engraissement. Un drainage adéquat des enclos peut également empêcher le développement de conditions anaérobies qui favorisent ces odeurs. Dans des conditions arides, des arroseurs et des camions-citernes peuvent être utilisés pour réduire les émissions de poussières provenant des sols des enclos, des allées et des routes. Bon nombre de ces pratiques présentent l’avantage supplémentaire d’améliorer la santé des animaux et les conditions de logement.
Des pratiques appropriées de gestion du fumier peuvent également réduire les nuisances olfactives en incorporant le fumier immédiatement après l’épandage. Cela peut également contribuer à conserver les éléments nutritifs pour la croissance des cultures et à augmenter la teneur en matière organique du sol.
Impact des bovins de boucherie sur les cycles des éléments nutritifs
Sur les Prairies
Les nutriments sont en grande partie recyclés dans les écosystèmes des prairies sans atteindre de fortes concentrations ni quitter le système. Les nutriments contenus dans les excréments et l’urine sont dispersés lorsque le bétail se déplace dans les pâturages à la recherche de nouveaux peuplements de fourrage à paître. Les bouses fournissent des nutriments aux communautés d’insectes tels que les bousiers et l’azote facilement disponible dans l’urine est rapidement utilisé par les plantes.
Pour une production optimale, le bétail a besoin d’un ensemble de nutriments comprenant des protéines, des hydrates de carbone, des graisses, des vitamines et des minéraux. En conditions de pâturage, la plupart de ces nutriments sont acquis directement à partir des fourrages et le bétail a besoin d’une supplémentation minimale en oligo-éléments et en sel.
Dans les Parcs d’Engrassament
Dans les systèmes de parcs d’engraissement intensifs, les aliments sont transportés au bétail et placés dans des mangeoires une ou deux fois par jour. Les régimes alimentaires ont une plus grande densité énergétique en raison de l’inclusion de céréales, ce qui augmente l’efficacité de la production de bœuf. Tous les nutriments contenus dans les aliments qui ne sont pas entièrement utilisés par le bétail sont excrétés dans le fumier ou sous forme d’émissions gazeuses.
Cependant, dans ce système, certains nutriments alimentaires tels que le phosphore dépassent les besoins, même si les régimes ne sont pas complétés par ce minéral. Étant donné que le seul élément qui quitte ce système est le bétail lorsqu’il est expédié sur le marché, d’autres éléments nutritifs s’accumulent également.
La plupart des éléments nutritifs se trouvent dans le fumier, à l’exception des émissions gazeuses décrites ci-dessus. Le fumier est une source précieuse d’engrais et est épandu sur les terres agricoles environnantes, réduisant ainsi la dépendance aux engrais chimiques et augmentant la teneur en matière organique des sols. Toutefois, en raison de sa forte teneur en eau, le fumier n’est rentable comme engrais que s’il est transporté dans un rayon de 20 à 30 km autour du parc d’engraissement. En outre, le fumier est généralement épandu sur les terres cultivées en fonction des besoins en azote de la culture. Cela entraîne une application excessive d’autres éléments nutritifs tels que le phosphore et le potassium, qui s’accumulent dans le sol.
À ce jour, peu de données indiquent que l’accumulation d’éléments nutritifs dans les terres cultivées a un impact négatif sur le milieu environnant ou sur la production agricole. Cela s’explique probablement par le fait qu’une grande partie du phosphore se trouve sous une forme insoluble. Dans les régions où les systèmes de production de bétail sont plus intensifs qu’au Canada, comme au Danemark et aux Pays-Bas, l’impact à long terme de l’utilisation du fumier de bétail comme engrais est devenu une question importante.
Les zones adjacentes aux parcs d’engraissement intensifs doivent mettre en place des systèmes de culture en rotation ou augmenter les distances de transport du fumier afin de ralentir le taux d’accumulation des nutriments dans les sols.
Impact des bovins de boucherie sur l’utilisation et la qualité de l’eau
L’industrie canadienne du bœuf a considérablement réduit son empreinte hydrique au cours des dernières décennies, et cette tendance devrait se poursuivre, selon une étude publiée en 2017. La quantité d’eau nécessaire pour produire un kilogramme de bœuf canadien a diminué de 17 % entre 1981 et 2011, en grande partie grâce à l’amélioration de l’efficacité de la façon dont les cultures fourragères destinées aux bovins de boucherie sont produites, ainsi qu’à l’amélioration de l’efficacité de l’élevage des bovins de boucherie et à la production d’une plus grande quantité de bœuf par animal.
Plus précisément, l’étude a révélé que l’empreinte en eau bleue (eaux de surface et souterraines) du bœuf canadien en 1981 était de 577 L/kg de poids vif désossé à l’abattage et qu’en 2011, elle était de 459 L/kg de poids vif désossé à l’abattage. Il s’agit d’une baisse de 20 % sur cette période de 30 ans.
Lorsque l’eau verte (eau de pluie) a été ajoutée à l’équation, l’étude a révélé que l’empreinte hydrique globale du bœuf canadien était de 9 625 L/kg de poids vif à l’abattage en 1981 et de 7 989 L/kg de poids vif à l’abattage en 2011 (respectivement 19 301 L/kg et 15 944 L/kg de poids désossé). L’accent est mis sur l’intensité hydrique – sur cette période de 30 ans, la quantité de bœuf produite par unité d’eau était beaucoup plus importante et, par conséquent, l’eau était utilisée de manière beaucoup plus efficace.
La majeure partie de l’eau utilisée dans la production de bœuf est destinée à la production de cultures. Les écarts importants dans les estimations précédentes reflètent les différences dans les suppositions des modèles de prédiction de l’utilisation de l’eau, comme la prise en compte des pluies naturelles, le gaspillage pendant l’irrigation et le degré de prise en compte du recyclage de l’eau (par exemple, l’irrigation à partir de bassins collecteurs).
L’eau joue un rôle essentiel dans la production de bovins de boucherie. Bon nombre des plus grands parcs d’engraissement du Canada dépendent de l’eau d’irrigation pendant les périodes arides. L’impact du changement climatique sur la disponibilité de l’eau dans ces régions reste inconnu, mais de nombreux modèles prévoient une augmentation des précipitations dans les régions des prairies où se déroule la majorité de la production de bovins de boucherie.
Il est important de noter que l’eau est une ressource cyclique. L’eau utilisée dans la production de bœuf ne disparaît pas ; elle finit par revenir dans le système pour être réutilisée. De plus, les activités de production de bœuf favorisent un cycle de l’eau sain et fonctionnel. Par exemple, l’élevage de bovins sur des pâturages sains permet à l’écosystème de conserver son importante fonction de filtration de l’eau.
Le bétail peut également contribuer à la conservation des zones humides, car ces eaux de surface ne sont pas drainées comme c’est le cas pour les systèmes de culture. Nombre de ces zones constituent des habitats importants pour les oiseaux et les mammifères aquatiques.
Pathogènes
Les bovins de boucherie peuvent être porteurs de protozoaires (Giardia, Cryptosporidium, par exemple) et de bactéries (Escherichia coli O157, Campylobacter, par exemple) qui provoquent des maladies chez l’homme. L’eau peut servir de vecteur à ces microbes et des mesures sont généralement prises pour réduire le risque de contact direct du fumier avec les eaux de surface.
Pas tous les microbes excrétés par les bovins de boucherie provoquent des maladies chez l’homme. Certaines souches sont capables de persister chez le bétail mais pas chez l’homme.ns.
Les parcs d’engraissement modernes sont conçus avec des enclos en pente et des fossés qui s’écoulent dans des bassins collecteurs pouvant contenir les précipitations d’un orage extrêmement intense de 24 heures. Cela empêche l’eau du parc d’engraissement de pénétrer directement dans les cours d’eau de surface et les ruisseaux. Le nombre d’agents pathogènes présents dans cette eau diminue avec le temps et l’eau des bassins collecteurs est utilisée pour la production d’aliments pour animaux. Il convient d’éviter d’utiliser cette eau pour irriguer des cultures légumières qui ne sont pas cuites avant d’être consommées.
Les zones riveraines sensibles le long des cours d’eau et des rivières sont souvent clôturées ou bordées de bandes enherbées afin de réduire l’accès du bétail aux eaux de surface, tandis que l’accès du bétail aux canaux d’irrigation est restreint. Il n’est pas pratique de limiter complètement l’accès du bétail à l’eau de surface sur les pâturages, et le bétail peut déféquer en buvant et en traversant les cours d’eau. De même, les ruminants sauvages (cerfs, orignaux), les mammifères aquatiques (castors, rats musqués) et les oiseaux (oies, canards), qui peuvent également être porteurs d’agents pathogènes pour l’homme, occupent cet écosystème et défèquent dans l’eau environnante. Par conséquent, lorsqu’un agent pathogène provoque une maladie, son véritable point d’origine est souvent difficile à déterminer. La majeure partie du risque lié à l’acquisition de pathogènes peut être éliminée en filtrant ou en traitant l’eau de surface avant sa consommation.
Technologies améliorant la productivité et l’environnement
Les technologies améliorant la productivité (PETs) et les facteurs de croissance permettent aux parcs d’engraissement et aux producteurs d’élever plus de bœuf en moins de temps, avec moins d’aliments et un impact réduit sur l’environnement. Une étude portant sur l’amélioration des performances du bétail à l’aide de technologies améliorant la productivité conventionnelles, telles que les implants ou les additifs alimentaires, a montré que leur remplacement par des additifs « naturels » ferait
- augmenter à la fois la terre et l’eau nécessaires pour produire un kg de bœuf à partir de bouvillons et de génisses de 7,9 % et de 10,5 %, respectivement ;
- augmenter les émissions de gaz à effet de serre des bouvillons et des génisses de 5,8 % et de 6,7 %, et ;
- augmenter les émissions d’ammoniac de 4,3 % et 6,7 %, respectivement.
Le fait de ne pas utiliser d’implants pour produire un kilo de bœuf s’est également traduit par une augmentation
- de l’utilisation de la terre et de l’eau de 14,6 % et 19,5 %,
- des émissions de GES de 10,5 % et 15,8 %, et
- des émissions d’ammoniac de 3,4 % et 11,0 % pour les génisses et les bouvillons, respectivement.
En outre, des études ont été menées pour déterminer si les hormones synthétiques utilisées dans la production de bœuf ont des effets négatifs sur le sol et l’eau lorsqu’elles sont excrétées. Selon les découvertes, les résidus d’hormones synthétiques comme le propionate de testostérone et l’acétate de trenbolone (TBA) ou l’acétate de mélengestrol (MGA) sont découverts dans de très petites quantités de fumier de parc d’engraissement, se décomposent rapidement et ont très peu de chances de pénétrer dans les eaux de surface, les bassins collecteurs ou les sols agricoles. De plus, il a été découvert que les résidus de ractopamine peuvent être traités efficacement en stockant le fumier ou en le compostant. Les études n’ont révélé aucune trace de TBA, de MGA ou de ractopamine dans les eaux souterraines.
Dans l’ensemble, les facteurs de croissance offrent des avantages considérables en termes de production qui, en retour, contribuent à aider l’environnement. Et leurs résidus ne présentent qu’un risque minimal pour l’environnement.
La production de bovins de boucherie dans un contexte plus large
Indirectement, l’empreinte environnementale du bœuf est le reflet de la demande en protéines de haute qualité de l’humanité. En Amérique du Nord, les céréales représentent une part importante de l’alimentation des bovins en parc d’engraissement et contribuent à l’efficacité de ce système de production. Même dans ce cas, les céréales sont souvent initialement cultivées pour des marchés à plus forte valeur ajoutée (par exemple, la brasserie, les distilleries, la farine), et ne finissent par être utilisées comme aliments pour animaux que lorsqu’elles ne parviennent pas à se qualifier pour la consommation humaine. En fait, 86 % des aliments pour le bétail sont composés de matières non consommées par l’homme.
D’ici 2050, alors que la population humaine devrait atteindre 9,7 milliards d’habitants et que le revenu moyen des ménages continue d’augmenter, la consommation de viande devrait doubler. Il est donc important que les empreintes environnementales soient évaluées du point de vue de l’efficacité de la production de viande ou exprimées en termes d’impact par kg de viande produite.
Les systèmes de production de bétail sont complexes et les améliorations dans un domaine de production peuvent entraîner des déficiences ou des dégradations dans d’autres domaines. Actuellement, les conditions économiques sont favorables à la production de bœuf à partir de céréales dans de nombreuses régions du monde, en grande partie grâce à la disponibilité de combustibles fossiles peu coûteux. Avec l’augmentation du prix des combustibles fossiles, la production de bœuf pourrait revenir entièrement à compter sur ce que les ruminants font le mieux—la conversion des fourrages en protéines de haute qualité.
Il est important de garder à l’esprit, lorsque l’on traverse la campagne et que l’on voit les champs de foin et les collines de pâturages indigènes, que les ruminants sont les seuls animaux d’élevage capables de convertir efficacement cette biomasse en protéines de haute qualité pour la consommation humaine. Les terres qui sont souvent trop vallonnées, rocailleuses ou escarpées pour être utilisées efficacement pour les cultures ou la construction d’infrastructures sont capables non seulement de fournir une source de protéines de haute qualité, mais aussi de préserver l’habitat de la faune et de nombreuses espèces menacées, ainsi que de stocker le carbone.
Intendance environnementale par les éleveurs de bovins
Les éleveurs de bovins utilisent de nombreuses techniques de gestion des pâturages, participent à des formations et suivent des recherches solides et pratiques pour améliorer l’utilisation des terres, la conservation et la gestion des ressources. Parmi les autres outils, on peut citer les clôtures transversales, le pâturage intensif en rotation, l’évaluation des pâturages ou des parcours, et les terres fragiles laissées en prairie naturelle ou réensemencées avec des herbes et des fourrages cultivés. En outre, de nombreuses exploitations de bovins de boucherie et parcs d’engraissement ont élaboré un plan agroenvironnemental afin de gérer les risques et d’adopter de nombreuses pratiques bénéfiques pour leur écosystème local, en plus de respecter les réglementations provinciales relatives aux exploitations d’engraissement confinées.
Le programme Verified Beef Production Plus (VBP+) peut aider à l’auto-évaluation d’aspects importants. Vous pouvez trouver plus d’informations dans le Environmental Stewardship Producer Reference Manual (Manuel de référence du producteur sur l’intendance environnementale).
Les documents directeurs du Cadre du boeuf durable certifié de la Table ronde canadienne sur le boeuf durable peuvent également aider à faire progresser la production de boeuf durable.
Remerciements
Merci à Tim McAllister, chercheur scientifique principal à Agriculture et Agroalimentaire Canada, et à Kim Ominski, professeure à l’Université du Manitoba, d’avoir consacré leur temps et leur expertise à la révision de cette page.
Ce contenu a été révisé pour la dernière fois en Septembre 2024.